Protéger les nappes : vers la création de parcs naturels hydrogéologiques ?

Publié le par CADEMOVI

PuitsVaxoncourt
Deux des trois puits qui alimentent 8000 personnes en eau

Encore une fois le l’article suivant du CNRS va à l’encontre du projet de SITA d’enfouissement sur le site de la Campagne. Il est bon de rappeler que toutes les eaux pluviales et sans doute les eaux souterraines sont drainées principalement par le Durbion  qui se jette dans la Moselle. Les captages qui aliment un bon nombre de localités du Canton de Châtel (environ  8 000 habitants) se trouvent à quelques dizaines de mètres de cette rivière sur le territoire de Vaxoncourt. Cette partie du bassin versant du Durbion est un véritable réservoir d’eau. Nous sommes persuadés que le risque de pollution des eaux et des nappes phréatiques est un risque majeur.  


Les réserves mondiales en eau des
nappes souterraines représentent 97 % de toute l'eau douce disponible sur les continents. En outre, les nappes alimentent en eau douce le réseau superficiel des cours d'eau. Elles doivent donc impérativement être protégées contre les sources de pollution diffuse, d'autant que le renouvellement de ces eaux souterraines peut être très lent et que les pollutions y sont alors persistantes. Si la pollution diffuse est avant tout d’origine agricole (nitrates et pesticides), elle peut aussi avoir d'autres sources : transports (eaux de ruissellement des voies de circulation, accidents de transport, fuites d'oléoducs), désherbage des voies ferroviaires par des pesticides (la SNCF est le plus gros consommateur d'herbicides de France), fuites provenant de l'habitat dispersé, notamment des cuves de combustible de chauffage, rejets des assainissements individuels et des petites collectivités,
fuites des décharges d'ordures ménagères ou industrielles, retombées atmosphériques des fumées industrielles et domestiques ou des usines d'incinération de déchets.

L'instauration de périmètres de protection autour des captages, rendue obligatoire par la législation de nombreux pays, n'offre qu'une protection limitée. En effet, une pollution éloignée finira malgré tout, plusieurs années après l'événement polluant, par parvenir, même diluée, à ces eaux protégées.

Pour mieux protéger les nappes, les sources de pollution diffuse doivent donc être impérativement réduites afin de stopper, sinon de limiter à des valeurs tolérables, les flux de polluants parvenant aux nappes. Mais une telle politique risque de ne pas suffire. Aussi, certains experts préconisent-ils une voie complémentaire : la création de parcs naturels hydrogéologiques. Il s'agirait de constituer de vastes espaces de terres non cultivées mais entretenues, dont la fonction essentielle serait de préserver les nappes d'eau ayant une qualité irréprochable. De tels parcs constitueraient des zones où toute activité polluante serait interdite. Ils protégeraient en priorité les zones d'alimentation des nappes captives profondes et des sources minérales.

Plusieurs cibles à protéger pourraient être réunies dans un même parc, non seulement l’eau, mais aussi la flore et la faune. Ces parcs pourraient être reboisés : les forêts y seraient exploitées d'une façon très soignée et non polluante. De telles réserves existent déjà.

·  En Fance, la ville de Saint-Etienne a acquis depuis 150 ans plus de 800 ha de terrains boisés ou non, qu'elle a replantés quand cela était nécessaire et exploités en futaie jardinée avec L'ONF. Cette forêt protège plus de 54 km de drains qui fournissent une partie de la ville en eau potable.

·  En Belgique : la région des Ardennes qui reçoit les eaux d'infiltration de la source minérale Spa est exploitée avec des précautions draconiennes, pour protéger la nappe.

·  De même, en Australie, des parcs naturels interdits au public existent autour des réservoirs de stockage des eaux superficielles destinées à la fabrication d'eau

La technologie ne pouvant à elle seule remédier au gaspillage et à la pollution des ressources en eau, lorsque l’appel au sens civique ne suffit pas, l’instauration de taxes et de redevances peut jouer un rôle majeur dans la limitation des abus.

Pour inciter les acteurs de l'eau (traiteurs, distributeurs et surtout utilisateurs) à modérer leur consommation et à moins polluer, notamment en respectant les normes de qualité des eaux rejetées, les gouvernements peuvent en effet instaurer des systèmes de pénalisation financière. Deux régimes principaux de taxation ont été mis en place par les législations de différents pays, notamment en Europe (France, Allemagne, Pays-Bas...) : des taxes de prélèvement, qui dépendent des quantités d'eau prélevées, et des redevances de pollution, en cas de dépassement des normes. Ces dernières sont fondées sur le principe du " pollueur-payeur " : le pollueur est taxé en fonction du volume ou de la masse du polluant détecté, dès lors qu'il y a dépassement d'une norme. Le montant de ces deux taxes est en général reporté sur les factures d'eau.

L'argent ainsi collecté par divers organismes (en France, par les Agences de l'eau) peut être redistribué sous forme de subventions aux industriels et aux municipalités qui investissent dans l'installation ou l'amélioration de stations de traitement des eaux usées, ou encore aux agriculteurs qui se proposent par exemple d’acquérir un matériel d’épandage mieux adapté. Ces subventions représentent le second volet d'une politique d’incitation au respect des normes de qualité de la ressource, ainsi qu’à la restauration et à la préservation des milieux aquatiques.

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